Selon les mises à jour mensuelles d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, le nombre de personnes ayant obtenu le statut de résident permanent a reculé de 75 % d’une année à l’autre en avril et en mai 2020, et le traitement des demandes d’immigration a été essentiellement limité aux travailleurs étrangers temporaires déjà présents au Canada. Depuis le début des années 2000, la sélection d’immigrants économiques parmi les travailleurs étrangers temporaires connaît une tendance croissante et elle a une forte incidence sur la situation des nouveaux immigrants sur le marché du travail.
Statistique Canada publie les trois premières études d’une série de cinq qui donne un aperçu général de l’importance croissante des travailleurs étrangers temporaires dans la sélection et la situation sur le marché du travail des nouveaux immigrants au Canada. Ces études sont menées en collaboration avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.
En 2018, 46 % des nouveaux immigrants économiques étaient d’anciens travailleurs étrangers temporaires, en hausse comparativement à 8 % observé en 2000. Le processus de sélection des immigrants économiques parmi les travailleurs étrangers temporaires et les étudiants internationaux est souvent appelé « sélection des immigrants en deux étapes ». Les employeurs canadiens jouent un rôle majeur dans ce processus en recrutant et en évaluant des travailleurs étrangers temporaires, tandis que le gouvernement détermine le nombre de résidents temporaires admissibles comme résidents permanents et les sélectionne.
La première étude « Sélection des immigrants en deux étapes : examen des avantages et des défis potentiels» résume des études internationales et canadiennes sur les avantages et les inconvénients de la sélection des immigrants en deux étapes. La sélection en deux étapes peut améliorer la correspondance entre les compétences des immigrants et la demande du marché de l’emploi, car les employeurs peuvent évaluer directement les compétences et les qualités intangibles. Toutefois, certains enjeux potentiels associés à la dépendance à l’égard des travailleurs étrangers temporaires ont été observés au cours de la pandémie de COVID-19, y compris l’incertitude de l’offre de main-d’œuvre dans des secteurs industriels essentiels et les mauvaises conditions de travail de certains travailleurs étrangers temporaires.
La deuxième étude « Sélection des immigrants en deux étapes : analyse de son expansion au Canada » documente l’évolution de la sélection des immigrants en deux étapes depuis le début des années 2000. En 2000, 12 % des nouveaux demandeurs principaux de la catégorie économique avaient travaillé au Canada avant d’obtenir la résidence permanente, comme l’indiquaient leurs revenus gagnés au Canada avant l’immigration. Cette proportion a augmenté, passant à 59 % en 2018.
Graphique 1
Proportion des demandeurs principaux de la catégorie économique ayant travaillé au Canada avant l’immigration, Cohortes d’admissions de 2000 à 2018
Cette expansion a été stimulée par le nombre croissant de travailleurs étrangers temporaires et par la hausse du taux de transition vers le statut de résident permanent. Au cours de la période allant de 2000 à 2018, le nombre de travailleurs étrangers temporaires (ceux qui détenaient un permis de travail valide au 31 décembre) au Canada est passé d’environ 60000 personnes à 429 300 personnes. Parmi les travailleurs étrangers temporaires ayant obtenu leur premier permis de travail en 2001, 30 % sont devenus résidents permanents au cours des 10 années suivantes. Ce taux de transition a augmenté, passant à 39 % chez ceux qui sont arrivés au pays pour la première fois au milieu des années 2000.
L’augmentation du taux de transition est liée à la croissance du Programme des candidats des provinces et à la création de la Catégorie de l’expérience canadienne (CEC). En 2018, 25 % des demandeurs principaux de la catégorie économique ont été admis dans le cadre du Programme des travailleurs qualifiés (fédéral) (PTQF), tandis que 46 % ont été sélectionnés dans le cadre de programmes provinciaux et 20 % par le biais de la CEC.
Les divers programmes d’admission différaient considérablement en ce qui concerne la proportion de nouveaux immigrants qui avaient déjà travaillé au Canada. Parmi les demandeurs principaux admis en 2018, 11 % des immigrants du PTQF avaient travaillé au Canada avant l’immigration, comparativement à 62 % des immigrants des programmes provinciaux et 97 % des immigrants de la CEC.
La troisième étude, « Sélection des immigrants en deux étapes : tendances récentes de la situation des immigrants sur le marché du travail », examine la relation entre la sélection des immigrants dans le cadre d’un processus en deux étapes et leur situation sur le marché du travail.
L’incidence d’emploi (le pourcentage d’immigrants ayant des revenus annuels positifs) au cours de la première année complète après l’immigration a augmenté, passant de 81 % à 87 % de 2000 à 2016 chez les hommes de 20 à 54 ans, et de 61 % à 67 % chez les femmes. L’augmentation de l’incidence d’emploi était principalement attribuable à la proportion croissante de nouveaux immigrants qui avaient travaillé au Canada avant l’immigration et enregistré des niveaux de revenus annuels moyens (20 000 $ à 50 000 $ en dollars de 2017) ou élevés (plus de 50 000 $).
De même, les revenus moyens au cours de la première année complète après l’immigration chez les hommes employés ont augmenté de 23 % entre les cohortes d’admissions de 2000 et de 2016, et de 32 % chez les femmes employées. Plus de 90 % de l’augmentation observée chez les hommes et chez les femmes était attribuable à la proportion croissante de nouveaux immigrants qui ont travaillé au Canada avant l’immigration.
Les immigrants ayant travaillé au Canada avant l’immigration tiraient plus d’avantages sur le marché du travail que les immigrants qui n’avaient pas d’expérience professionnelle canadienne préalable. Parmi les immigrants économiques arrivés au Canada de 2000 à 2005, ceux dont le revenu en tant que travailleur étranger temporaire s’établissait à un niveau moyen ou élevé présentaient une incidence d’emploi de 19 à 20 points de pourcentage plus élevés au cours de la première année complète après l’immigration que ceux qui n’avaient pas d’expérience professionnelle canadienne préalable. Cet écart se réduisait ensuite à 10 points de pourcentage 5 ans après l’immigration et demeurait à 7 points de pourcentage 10 ans après l’immigration.
De même, les immigrants arrivés de 2000 à 2005 ayant eu des revenus moyens au Canada avant l’immigration gagnaient 38 % de plus au cours de la première année complète après l’immigration que ceux qui n’avaient pas d’expérience professionnelle canadienne, 17 % de plus la 5e année, et 13 % de plus la 10e année. Les immigrants arrivés au cours de cette période et qui ont eu des revenus élevés au Canada avant l’immigration gagnaient 4,2 fois plus au cours de la première année complète après l’immigration, que les immigrants n’ayant pas d’expérience professionnelle canadienne, 2,6 fois plus la 5e année, et 2,1 fois plus la 10e année.